Bâtard : les séries courtes sont souvent les meilleures !

Bien que normalement prévu pour du support numérique et le scrolling (cette action de glisser son doigt de bas en haut, comme vous pouvez le faire sur Instagram), le Webtoon trouve bien sa place en France également et surtout sur papier ! La France a une très grande affection pour la bande-dessinée, contrairement à la Corée du Sud où seulement 5% de leur webtoon sont édités.
Voilà pourquoi, chez nous, de plus en plus de maison d’édition se mettent à sortir du webtoon : vous allez avoir Delcourt avec son nouveau label KBOOKS et son webtoon phénomène Solo Leveling, ou encore Ki-oon avec son label TOON et sa première sortie, Bâtard, dont nous allons parler aujourd’hui !

Je vous ai déjà parlé de Sweet Home lorsque ce dernier est sorti en drama sur Netflix. Il faut savoir que le drama est une adaptation du webtoon du même nom, scénarisé par Kim Carnby et dessiné par Hwang Yeong-Chan. Le duo est également à l’origine de Bâtard et, avec le succès que l’on ne peut nier au vu des notes qu’il obtient sur les différentes plate-forme littéraires ou marchandes, il n’est pas étonnant de voir que TOON compte également sortir Sweet Home en version papier.

Bâtard, pourquoi tant de violence ?

Attention, ne vous lancez pas dans l’aventure Bâtard si vous êtes une âme sensible. Rien que le pitch devrait vous suffire à savoir si vous êtes le public concerné ou non.

Jin est un lycéen jugé étrange par ses camarades de classe à cause de son œil de verre et de certaines de ses réactions déplacées. Son père est un riche PDG à succès, très bien vu par son entourage puisqu’il assiste également des œuvres caritatives et est toujours avenant envers son prochain… Mais, ce qui se cache derrière tant de gentillesse, personne n’est prêt à l’entendre : le père de Jin est en réalité un tueur en série qui sévit autour du lycée de son fils, faisant disparaître plusieurs jeunes femmes… Et Jin est son complice !
N’ayant jamais vécu que comme ça, Jin n’a pas d’autre repère que son paternel… C’est seulement lorsque ce dernier prend la nouvelle camarade de classe de son fils pour cible que celui-ci décide de se rebeller. Cette-fois, il ne l’assistera pas dans son crime.
S’amorce alors une guerre psychologique entre le père et le fils.

Je ne vous apprend rien lorsque je vous dis que la Corée du Sud, comme le Japon, a un penchant pour la violence et les histoires horrifiques. Un peu comme un genre de prédilection, ils excellent dans l’art de faire peur et de faire monter l’adrénaline ou de juste partir dans la violence gratuite. Voyez plutôt les derniers succès coréens à l’international ne sont que violence et sang : Dernier train pour Busan, Parasites, Hellbound, Kingdom ou encore Squid Game pour n’en citer que quelques uns…

Des zombies, des meurtres, j’en passe et des meilleurs… (un sujet qui fera un très bon prochain article, si vous voulez mon avis ~)

Bâtard ne déroge pas à la règle. L’histoire déjà est très glauque et tire sur les nerfs des personnages ainsi que sur ceux des lecteurs. Les dessins ne sont pas magnifiques mais ça n’est pas vraiment le but que de vous présenter des planches formidables; il s’agit ici de vous mettre mal à l’aise et Hwang Yeong-Chan a un style qui s’y prête parfaitement. Il n’hésite pas à dessiner des visages et des bouches étirés par la peur ou par la folie meurtrière, des silhouettes fantomatiques tout de noir vêtue qui planent dans le dos ou la tête de Jin pour le faire basculer.

Des personnages qui portent l’histoire.

Chaque personnage à sa part de noirceur ce qui fait passer la camarade de Jin, Gyeon, pour une sainte, une âme pure qui se trouve aux mauvais endroits, aux mauvais moments, alors qu’elle est toujours prête à tendre la main au personnage principal.

On se prend d’affection pour Jin qui ne peut pas grand chose à sa situation. Comment avoir des notions de bien et de mal lorsque l’on a toute sa vie était éduqué par un père tueur en série ? N’ayant plus sa mère sur qui s’appuyer, Jin n’a pas d’autres repères dans la vie que son père et n’ose pas aller contre ses opinions car il ne sait pas ce que la vie peut lui réserver d’autres. D’autant plus qu’il est également mis à l’écart par ses camarades de classe… Au moins, son père le fait-il participer ?

Il y a d’ailleurs un autre personnage qui vient se mettre sur le devant de la scène : Jae-Hyeok. Brute du lycée, il est aussi le fils du PDG de la boîte concurrente du père de Jin. Il va pourtant se faire une place dans la vie de celui-ci; une place qui va donner lieu à une relation des plus particulières et originales, que l’on ne voit pas tous les jours.

Derrière l’originalité de l’histoire se cachent également des personnalités très atypique: en dehors de Jin qui a été élevé comme un le complice d’un tueur en série plutôt que comme un enfant, on retrouve également Gyeon qui croule sous les dettes et doit s’occuper de son grand-père malade et Jae-Hyeok. Avoir l’histoire du point de vue de Jin est très intéressant également. On le suit dans sa course contre la montre, dans son combat contre son père, mais aussi contre ses pulsions naturelles.

Dernier tome de Bâtard

Ce qui est le plus bluffant dans la version française de Bâtard, c’est le travail fait sur l’édition. On part de la couverture, qui est toujours incroyable, avec un effet de relief sur le titre et sur cet effet déchiré. Le papier glacé ajoute une plus valu et le noir, un sentiment de mal être qui correspond aux thématiques abordées. Chaque tome de la série Bâtard est un beau bébé de 900 grammes (!)

L’histoire d’une grande originalité, les personnages tous intéressants et peu nombreux (ce qui fait qu’en 5 tomes, on peut les comprendre), et le travail sur l’édition font que je vous recommande cette série à 200%. Le scénario tient en haleine du début à la fin, chaque fin de tome nous laissant avide de lire la suite. Moi, j’ai du attendre quelques mois entre chaque tome. Maintenant que la saga est sortie en entier, faîtes vous plaisir et prenez la d’un seul coup 😀

Bâtard est disponible en 5 tomes aux éditions TOON, pour 15€ par tome.

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