Manhwa VS Webtoon : choisissez votre support !

Manhwa, un héritage asiatique.

Le manhwa 만화 est la bande-dessinée pour la Corée du Sud. Sous l’influence de l’art classique chinois, on retrouve les premières « bandes-dessinées » dans les gravures coréennes, avec un découpage séquentiel.

On donnerait le titre de premier manhwa à l’auteur Lee Do-Yeong 이도영, un caricaturiste qui dénoncé dans une œuvre satirique le peuple japonais. Mais, ses publications n’ont duré qu’un an, puisqu’en 1910 débute l’occupation japonaise. La presse coréenne reprend du service 10 ans plus tard, et le manhwa caricatural garde une place de choix dans les publications des journaux. En 1924, le manhwa commence à s’inspirer des bandes-dessinées occidentales en utilisant des bulles de dialogue. Professeur Kojubu 코주부삼국지 est le premier héros emblématique de manhwa. C’est son auteur, Kim Yong Hwan, qui est le « père du manhwa » tel qu’on le connaît aujourd’hui. Il a été publié dans le Seoul Times. C’est également à lui que l’on doit le Manhwa Haengjin 만화행진, la première revue entièrement consacrée à la bande-dessinée coréenne. Malgré la censure qui l’éloignera de tout succès, il reste le pionnier de nombreux autres magasines qui apparaîtront par la suite.

Professeur Kojubu

La Guerre de Corée donne un coup de fouet à l’industrie du manhwa, avec l’apparition des Takji manhwa 딱지만화 qui était destiné aux jeunes parce que très abordables. L’action se déroulait généralement dans d’autres pays et racontait des aventures extraordinaires, pour aider les jeunes à échapper à leur quotidien. Après la guerre, le manhwa se développe encore et encore dans de nombreux styles différents, pour plaire au plus grand nombre.

A la fin des années 80, les mangas sont acceptés sur le sol coréen. Cela entraîne une grosse inspiration de la part des manhwaga, qui utilise le style nippon pour faire évoluer leurs oeuvres. Les mangas sont laissés de côté au profit des manhwa à la fin des années 90. Puis, dans les années 2000, elle prend un nouveau tournant grâce à internet : le webtoon.

Si vous voulez un historique encore plus détaillé de l’histoire du manhwa, je vous invite à lire cet article.

Le manhwa en France ?

Si vous êtes amateur de mangas, vous avez sans doute déjà vu des noms de « mangaka » qui, dans votre tête, ne sonnait pas très japonais. Et bien, vous vous êtes retrouvés devant un manhwa et non pas un manga. Il faut dire qu’avec le développement impressionnant du manga en France, il n’a pas été facile pour les manhwa de se faire une place de choix. Pourtant, certains auteurs ou oeuvres sont plutôt connues en France comme étant du manga alors qu’il s’agit de manhwa ou de manhwaga !

Déjà entendu parlé de Boichi par exemple ? Et bien Boichi est coréen ! Personnellement, mon premier manhwa a été Le Nouvel Angyo Onshi, chez Pika Editions.

Le nouvel Angyo Onshi ©Pika Editions

Webtoon, du numérique au papier.

C’est en 2003/2004 qu’a commencé l’aventure webtoon 웹툰 en Corée du Sud avec les plateformes Daum et Naver. Disponibles gratuitement à la lecture d’abord sur son ordinateur, puis depuis son téléphone portable, il n’est pas très étonnant de voir ces bande-dessinées numériques faire le gros buzz en Corée du Sud. Tout comme les japonais, les coréens sont toujours très pressés, souvent dans les transports pendant plusieurs heures pour se rendre au travail ou rentrer chez eux. Alors, pouvoir « lire sur le pouce » est une aubaine !

Comment lire un webtoon ?

C’est très simple !

  • Lorsqu’il s’agissait de la génération zéro de webtoon, il fallait cliquer sur des flèches pour passer d’une page à l’autre. Les dessins tenaient généralement sur une page A4, à l’horizontal, sans doute parce qu’il s’agissait de page scannée et téléchargée sur la plateforme.
  • La première génération a ajouté des effets d’animations aux planches dessinées.
  • Avec la deuxième génération de webtoon, même si certains se lisent encore de la même manière que la zéro, on gagne en fluidité puisqu’on les lit désormais à la verticale pour faire défiler les pages.
  • Nous nous trouvons désormais dans la troisième génération qui a fait que les sites internet ont été remplacé par les applications téléphoniques. Cette génération là est également le début de l’importation à l’internationale avec des traductions officielles des webtoons de chez Naver en anglais.
  • Bien que les manhwa se lisent, en général, dans le sens japonais, à savoir de droite à gauche et de haut en bas, les webtoon, dans leur version physique, se lisent dans le sens français.
Tower of God, chez Ototo Solo Leveling, Qu’est-ce qui cloche avec la secrétaire Kim ? et Noblesse, chez KBooks © Photo de moi

Un carton à l’international.

Avec l’apparition et le déploiement du webtoon, le marché du manhwa papier a grandement diminué en Corée du Sud pour laisser sa place aux supports numériques. Désormais, le terme webtoon s’applique à toute bande dessinée publiée en ligne. Mais, ça ne veut pas pour autant dire que le webtoon ne peut pas avoir de version physique. En effet, avec la maison d’édition K-Books, filière de Delcourt, nous avons en France un sublime rendu sur un bon nombre de webtoon comme Qu’est-ce qui cloche avec la secrétaire Kim ?, True Beauty ou encore Solo Leveling. Ki-oon se met aussi au webtoon avec un rendu physique fantastique sur l’incroyable webtoon Bâtard de Carnby et Hwang Yeong Chan (également les auteurs de Sweet Home) via Toon, sa nouvelle collection.

Contrairement au manga japonais ou au manhwa, les webtoon sont (très très souvent) tout en couleur ! Si je dis que K-Books et Toon ont fait un excellent travail d’adaptation sur les différents webtoon cités plus haut, c’est parce qu’ils ont su trouver un beau papier glacé pour proposer un contenu de qualité. Les couvertures sont également toujours très belles et attractives. Je trouve qu’elles se démarquent du mangas, qu’elles ont leurs propres identités.

Très grande consommatrice de mangas, j’ai rapidement essayé de faire la distinction avec les manhwa. Surtout que je me rendais compte que les dessins étaient différents. Les auteurs coréens qui ont réussi à se faire une place dans le milieu de la bande-dessinée coréenne ou japonaise gardaient des traits beaucoup plus nets et foncés que ceux des mangakas. Avec le webtoon, les dessinateurs gagnent en visibilité, d’autant plus que l’on peut les lire directement sur son téléphone. Après, on peut également lancer le débat de « fast book » peut-être ? A la manière de de la fast fashion, côté vêtements, et fast food, côté gastronomie, peut-être que de lire des bandes-dessinées directement sur son téléphone au lieu de les lire depuis un support physique leur donne un côté plus éphémère et oubliable… Qu’en pensez-vous ? 🙂 

Sources : Wikipedia  Manhwa

Wikipedia Webtoon

Nautiljon

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