Sunny : rester fidèle à soi-même.

C’est en recherchant toute la filmographie d’une actrice en particulier que je suis tombée sur ce film feel good qu’est Sunny (써니). Sorti en 2011, réalisé et écrit par Kang Hyung-Chul (강형철) à qui l’on doit également le très bon Tazza : the Hidden Card (avec T.O.P de BIGBANG), Sunny a cartonné dans les salles de cinéma coréennes et je vais vous expliquer pourquoi ! Vous allez aussi très vite comprendre pourquoi j’ai choisi de vous parler de ce film en particulier pour ce mois de mars, entièrement consacré à la femme.


Retour dans les 80’s !

Sunny raconte l’histoire d’une femme au foyer, Im Na-Mi (jouée par Yoo Ho-Jeong 유호정), à la vie bien rangée. Pourtant, sa fille l’ignore totalement, son mari semble avoir réussi dans la vie et la considère réellement comme une mère au foyer et sa femme, plutôt que comme une femme avant tout. Un jour, en allant voir sa mère à l’hôpital, Na-Mi croise sa meilleure amie du lycée, Ha Chun-Hwa (Jin Hee-Kyung 진희경), et apprend qu’il ne lui reste que quelques semaines, voire même plus que quelques jours à vivre. En dernière volonté, Chun-Hwa demande à Na-Mi de réunir Sunny, cette bande de copines qu’elles étaient au lycée avec cinq autres filles.

Les filles de Sunny dans les années 80 et dans les années 2000.

Le film oscille alors entre scènes du présent et scènes du passé, où Na-Mi et ses amies étaient encore au lycée dans les années 80. C’est donc dans cette ambiance vintage que baigne la moitié du film. Les filles portent des Nikes ou des Adidas, les coupes de cheveux sont typiques des ces années-là, et le fait que l’action se déroule dans une école pour filles confirme ce que nous apprenons sur l’éducation des filles dans le livre Kim Jiyoung Née en 1982 dont je vous ai parlé au début du mois. 

La bande-son du film est elle aussi adéquate et rappelle évidemment les années 80. Dans Sunny, vous allez bien sûr entendre Sunny de Boney M, Touch by Touch de JOY, Girls just want to have fun de Cindy Lauper et des chansons coréennes comme In Dreams de Cho Deok-Bae. Ce qui est, je trouve, excellent, c’est le culte que voue cette réalisation cinématographique au film français La Boum de Claude Pinoteau. Les références ne s’arrêtent pas à la coupe de cheveux de l’héroïne qui est la même que Sophie Marceau mais également à l’utilisation abusive de Reality de Richard Sanderson et même carrément de passages de film recréés avec les acteurs de Sunny. Moi qui ai grandi avec ce film (bien que ça ne soit pas de ma génération), j’ai été surprise de savoir qu’il avait pu avoir du succès en Corée du Sud, au point d’être repris dans une réalisation coréenne. 

Le réalisateur n’a pas hésité à mettre une part d’Histoire de la Corée dans son film, afin de l’ancrer davantage dans la réalité. Voilà pourquoi une des scènes du film représente une des conséquences du Soulèvement de Gwangju 광주 민주화 운동 qui a opposé les étudiants et syndicats à l’armée coréenne, visant à défendre la démocratie contre la dictature de Chun Doo-Hwan, suite à l’assassinat du président Park Chung-Hee. C’est un de ces moments importants de l’histoire coréenne qui fait que le 18 mai est férié. Dans le film, ce moment important et violent est tourné un peu en dérision en y ajoutant une querelle de lycéenne au milieu, et sur fond de Touch by Touch de JOY (sans oublier la magnifique affiche de Rocky IV en arrière-plan). 

Être la protagoniste de sa vie.

Comme déjà dit plus haut, Sunny est vraiment un film feel good. Et pourtant, il garde les mêmes bases que Kim Jiyoung, née en 1982 : une femme au foyer qui a dû abandonner ses rêves pour s’occuper de sa famille. Il existe néanmoins quelques différences : la fille est déjà grande dans Sunny et la situation psychologique de Na-Mi n’est pas aussi « critique » que celle de Jiyoung. Elle semble avoir beaucoup de regrets concernant ses années lycées sans pour autant parler de dépression. 

Même si le thème est commun, à savoir l’amour de soi, il s’agit dans Sunny d’une belle histoire d’amitié fidèle. Amies au lycée, les filles de Sunny se retrouvent avec bonheur en tant que femmes. Elles ne se sont pas oubliées les unes les autres mais se sont oubliées elles-mêmes. Se retrouver les unes les autres leur permet de se retrouver elle-même. Peut-être était-ce qu’il manquait dans la vie de Kim Jiyoung…

ATTENTION. Ce paragraphe contient des spoiler sur la fin du film.


A la toute fin du film, les cinq amies se retrouvent aux funérailles de Chun-Hwa. Elles se retrouvent face à l’avocat de cette dernière qui leur fait part des dernières volontés de leur ancienne leader. Et il se trouve, qu’à part devenir la nouvelle leader de Sunny, Na-Mi n’obtient rien de plus. C’est tout simplement parce qu’elle a compris d’elle-même qu’elle devait être l’actrice de sa propre vie. Les autres ne l’ont pas encore compris, sont encore « faibles » et ont besoin d’un nouveau coup de pouce pour voir leur vie décoller, voilà pourquoi Chun-Hwa est là pour leur donner les biens nécessaires (et principalement financiers) pour reprendre leurs vies en main.

Concernant le personnage de Su-Ji (jouée par Min Hyo-Rin 민효린), elle fait déjà très mature quand elles sont jeunes. Elle fume, boit, n’hésite pas à embrasser un garçon, et surtout assume sa féminité. Su-Ji ne demande de l’aide de personne et au final, on ne sait que très peu de choses d’elle. Tout comme le personnage de Chun-Hwa, elle aide la protagoniste à grandir et à se rendre compte de la dureté de la vie… Voilà donc pourquoi, elle revient seulement après l’hommage de Sunny à Chun-Hwa en dansant. Cela prouve peut-être qu’elle n’a pas eu besoin de Sunny pour avancer. Il faut dire que même au lycée, elle n’était pas tout le temps avec les six autres (et elle n’est d’ailleurs même pas présente sur toutes les affiches). Su-Ji avait déjà tout ce qu’il fallait mais cela ne l’empêche pas de rester fidèle en amitié. 


Un film à voir et à revoir.

J’ai déjà visionné Sunny plusieurs fois et me surprend pourtant encore à avoir la larme à l’oeil pendant certaines scènes, ou à rire pendant d’autres. Les références à notre La Boum ne fait qu’ajouter à la superbe du film, sans pour autant tomber dans le cliché du film d’amour puisqu’il ne s’agit pas de ça ici. C’est bien l’amitié et l’amour de soi qui sont mis en avant, bien avant une amourette de jeunesse. D’ailleurs, la conclusion à cette amourette est également brillante… Mais je vous ai déjà donné assez de spoilers comme ça. Je ne comprends pas pourquoi ce film n’a pas eu le droit à une sortie chez nous alors qu’il contient tous les ingrédients d’un bon film ! Regardez-le 😉

Il existe réellement un engouement de la part des coréens envers le film La Boum. La preuve, lors de la KCON 2016 qui s’est déroulée en France, Taemin a chanté Reality. C’est cadeau ! J’aurais tellement voulu être là… J’y pense : si vous n’avez pas vu La Boum et sa suite, et que vous avez le cœur d’une adolescente en fleur dans les années 80, il vous plaira sans doute autant qu’à moi alors regardez-le aussi !

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